Qualité du canola de l’Ouest canadien en 2019

Composition en acides gras

La teneur moyenne en acide érucique (C22:1) de la récolte de 2019 est de 0,00 % (sous la limite de quantification), soit une valeur très semblable à la moyenne quinquennale (0,01 %) (tableaux 1 et 5, figure 12). Tout comme pour les glucosinolates totaux, ces faibles valeurs sont le résultat direct des efforts d’amélioration génétique consentis par l’industrie canadienne du canola.

Dans les échantillons de Canola, Canada no 1, la teneur moyenne en acide α-linolénique (C18:3) de 10,0 % est plus d’un point plus élevée que la valeur moyenne de 2018 (8,7 %) et 0,7 % plus élevée que la moyenne quinquennale (9,3 %) (tableau 1, Figure 13). Cette année, les échantillons du Manitoba ont la moyenne la plus faible comparativement aux échantillons de la Saskatchewan et de la région Alberta-Rivière de la Paix, avec 9,2, 10,0 et 10,6, respectivement (tableau 5). Les teneurs moyennes en acides gras polyinsaturés (AGPI) totaux sont respectivement de 27,9 (27,1 % en 2018), de 28,4 (26,8 % en 2018) et de 29,8 % (27,5 % en 2018) pour le Manitoba, la Saskatchewan et la région de l’Alberta-Rivière de la Paix, la moyenne de l’Ouest canadien étant de 28,8 % (27,3 % en 2018). La teneur en AGPI du canola est directement reliée aux teneurs en acide α-linolénique (C18:3) et en acide linoléique (C18:2). Cette année, le rapport oméga-6/oméga-3 (acide linoléique/acide α-linolénique) est de 1,87 contre 2,12 en 2018, une valeur considérablement plus faible.

Les échantillons classés Canola, Canada no 1 de la récolte 2019 ont une teneur moyenne en acide oléique (C18:1) de 62,4 %, soit un taux considérablement plus faible qu’en 2018 (64,3 %) et que la moyenne quinquennale calculée (63,1 %) (tableau 1, figure 14). La teneur moyenne la plus faible en acide oléique a été observée dans les échantillons de la région Alberta-Rivière de la Paix (61,4 %) et la plus élevée, dans les échantillons du Manitoba (63,3 %). La teneur moyenne en acide oléique des échantillons de la Saskatchewan était de 62,9 % (tableau 5). Les teneurs en acides gras mono-insaturés (AGMI) totaux étaient respectivement de 64,8 (65,8 % en 2018), 64,5 (66,0 % en 2018) et 63,1 % (65,3 % en 2018) au Manitoba, en Saskatchewan et dans la région Alberta-Rivière de la Paix, la moyenne de l’Ouest canadien étant de 64,0 % (65,8 % en 2018).

La composition en acides gras (acide oléique, acide linoléique et acide α-linolénique) de la récolte de 2019 était très différente de celle de la récolte de 2018 (-1,9 %, +0,4 % et +1,3 %). Il en résulte que l’indice d’iode, qui est une représentation de l’insaturation totale de l’huile, est très différent de celui de 2018. L’indice d’iode moyen de la récolte de 2019 est de 113,7 unités, soit 2,7 points de plus que celui de 2018 (111,0 unités) et 1,2 unité de plus que la moyenne quinquennale (112,5 unités) (tableau 1, figure 16). Pour le Canola, Canada, no 1, les indices d’iode moyens ont été de 112,1 (110,9 unités en 2018), 113,4 (110,6 unités en 2018) et 115,1 unités (111,7 unités en 2018) pour le Manitoba, la Saskatchewan et la région Alberta-Rivière de la Paix, respectivement (tableau 5). Cette année, l’indice d’iode des échantillons individuels classés Canola, Canada no 1 variait de 105,2 à 121,5 unités (103,2 à 122,0 en 2018).

Les échantillons classés Canola, Canada no 2 ont des indices d’iode moyens plus élevés, des teneurs plus élevées en acide linoléique et en acide α-linolénique et des teneurs plus faibles en acide oléique que les échantillons classés Canola, Canada no 1 (tableau 5).

La teneur moyenne en acides gras saturés est de 6,6 % en 2019, une valeur semblable à celle de 2018 (6,7 %) et à celle de la moyenne quinquennale (6,7 %) (tableaux 1 et 5). Depuis 2009, les teneurs moyennes en acides gras saturés varient de 6,6 à 6,9 % (tableau 1, figure 17). En 2019, les teneurs moyennes en acides gras saturés sont semblables au Manitoba, en Saskatchewan et dans la région Alberta-Rivière de la Paix, étant respectivement de 6,8 %, 6,6 % et 6,6 %. Comme la teneur totale en acides gras saturés réagit généralement aux conditions climatiques, les températures élevées de cette année ont produit un canola qui donne une huile dont la teneur est plus élevée en acides gras saturés.

Comme pour tous les paramètres de qualité, la composition en acides gras est grandement influencée par la variété et/ou l’environnement, cependant au cours des dernières années, beaucoup d’efforts ont été consentis pour maîtriser la teneur totale en acides gras saturés de l’huile en vue de produire une huile bonne pour la santé – une huile dont la teneur totale en acides gras saturés est la plus faible possible comparativement aux autres huiles végétales. Il en résulte que la teneur totale en acides gras saturés est très stable depuis 2009, mais que les niveaux de tous les autres acides gras – sauf l’acide érucique – peuvent varier. Cette année, les teneurs en acide oléique, en acide linoléique et en acide α-linolénique des échantillons individuels de Canola, Canada no 1 variaient respectivement de 55,2 à 69,4 %, de 14,6 à 23,7 % et de 5,4 à 12,5 %. Les échantillons de canola de la partie sud de la région Alberta-Rivière de la Paix (districts agricoles 1, 2 et 3) avaient une composition en acides gras très différente de celle des échantillons de canola issus de la partie nord de la région Alberta-Rivière de la Paix (districts agricoles 4, 5, 6 et 7). Les échantillons provenant des régions du nord de l’Alberta avaient un degré d’insaturation plus élevé que les échantillons provenant des régions du sud. La fraîcheur des conditions de croissance cette année comparativement à celles de l’année dernière, a contribué à accroître les moyennes d’insaturation par rapport à l’année dernière.

Les facteurs environnementaux et génétiques (variétés) influent habituellement sur la composition des cultures et sur la variation d’une année à l’autre. Cette année, toutefois, les cinq principales variétés en 2019 étaient L233P avec 31 % de la superficie (24 % l’année dernière), suivie de L252 (8 % de la superficie en 2019 contre 13 % en 2018), L255PC (6 % de la superficie en 2019 contre 3 % en 2018), L234PC (4 % de la superficie en 2019, zéro en 2018) et L230 (3 % de la superficie en 2019 contre 6 % en 2018). Les quatre mêmes variétés comptaient pour 48 % de la superficie en 2019 contre 46 % en 2018, ce qui suggère que l’environnement est le principal facteur responsable de la différence de composition en acides gras en 2019 par rapport aux moyennes de 2018. Nous avons comparé la répartition des variétés dans les échantillons de l’enquête sur la récolte de 2019 et la répartition des variétés dans les superficies assurées en 2018 qui ont été rapportées par l’unité des Statistiques de la Commission canadienne des grains (https://www.grainscanada.gc.ca/statistics-statistiques/variety-variete/varieties-fr.htm).

En 2018, c’est la variété L233P qui a présenté teneurs en acide α-linolénique les plus faibles (8,1 % au Manitoba, 7,8 % en Saskatchewan et 8,0 % en Alberta) et les teneurs en acide oléique les plus élevées (65,4 % au Manitoba, 66,2 % en Saskatchewan et 65,9 en Alberta). Par comparaison, la variété L252 avait des teneurs de 9,1 et 62,6 % au Manitoba, de 9,2 % et 62,9 % en Saskatchewan, et de 9,6 et 62,6 % en Alberta, tandis que la variété L230P avait des teneurs de 9,3 et de 63,0 % au Manitoba, de 9,3 et de 62,9 % en Saskatchewan et de 10,1 % et 62,3 % en Alberta.

Les moyennes à long terme présentées aux figures 15, 16 et 17 (2000-2019) montrent aussi une tendance soutenue d’un changement de la composition en acides gras du canola canadien. Ce changement à long terme est le fruit direct des efforts ciblés d’amélioration du canola. Pour qu’une huile de canola respecte la définition d’une huile faiblement saturée, sa teneur totale en acides gras saturés doit être inférieure à 7 %. Cela signifie que les triturateurs doivent sélectionner des graines provenant de différentes localités qui ont poussé sous différents climats et dont la teneur totale en acides gras saturés est inférieure à 7,0 %. Cette pression de sélection a des répercussions sur les niveaux des autres acides gras, car la seule façon de maintenir une faible teneur totale en acides gras saturés est d’accroître la teneur en acides gras insaturés. L’huile de canola contient deux types d’acides gras insaturés, soit les acides gras mono-insaturés (AGMI) et les acides gras polyinsaturés (AGPI). Puisqu’aucune pression de sélection n’est exercée sur les teneurs en AGMI et en AGPI dans les efforts d’amélioration génétique, les teneurs en AGMI et en AGPI peuvent varier considérablement d’une variété à l’autre. Toutefois, l’insaturation de Brassica napus, l’espèce de canola qui est cultivée actuellement au Canada, signifie plus d’acide oléique, un AGMI, que d’AGPI, les AGPI étant l’acide α-linolénique (oméga 3, AGPI) et l’acide linoléique (oméga-6, AGPI), d’où les tendances observées aux figures 15, 16 et 17.

La différence de composition en acides gras de la récolte de 2019 transparaît dans la différence de composition en acide gras du canola exporté au cours des cinq premiers mois de la saison d’expédition 2018-2019 (tableau 6). Les teneurs moyennes en acide oléique et en acide α-linolénique des exportations de canola commercialement propre, de même que les indices d’iode moyens qui en résultent, étaient différents au début de la saison des expéditions comparativement à celles de décembre 2019 et de la saison d’expédition précédente. Les exportations de septembre et d’octobre avaient des teneurs moyennes en acide α-linolénique de 9,1 % et 9,8 % respectivement, des teneurs moyennes en acide oléique de 63,3 % et 62,3 % respectivement, et des indices d’iode moyens de 112,1 et de 113,5 unités, respectivement, car ces cargaisons étaient principalement constituées de canola récolté tôt qui provenait de la partie sud de l’Alberta. Toutefois, les expéditions de novembre et de décembre avaient des teneurs moyennes plus élevées en acide α-linolénique et des teneurs plus basses en acide oléique, car ces cargaisons contenaient une plus grande proportion de canola issu de la partie nord de la région Alberta-Rivière de la Paix.

La teneur moyenne en acides gras saturés des exportations de canola cumulées en décembre 2019 (6,6 %) est demeurée très semblable à la moyenne 2018-2019 (6,6 %). Étant donné la très faible teneur en acide érucique du canola de la récolte 2019, nous prévoyons aussi que cette valeur demeurera très basse durant la nouvelle saison d’expédition (inférieure à 0,1 %).